En visite officielle en France, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, intensifie les efforts diplomatiques en rencontrant le Président français Emmanuel Macron et la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre Haïti et la France, tout en sollicitant un accompagnement plus soutenu pour la stabilisation et le développement du pays.
Rencontre avec Emmanuel Macron
Lors d’une audience à l’Élysée, Leslie Voltaire et Emmanuel Macron ont échangé sur les défis sécuritaires majeurs auxquels Haïti fait face, notamment la lutte contre les gangs armés et la nécessité d’un soutien international accru pour restaurer l’ordre public. Le Président français a souligné l’engagement de la France à accompagner Haïti dans ses efforts de stabilisation et a insisté sur la nécessité d’une réponse concertée avec la communauté internationale.
Les discussions ont également porté sur les réformes institutionnelles et l’importance d’une transition réussie menant à l’organisation d’élections démocratiques en Haïti. Leslie Voltaire a plaidé pour un appui technique et logistique de la France dans ce processus, notamment en matière de gouvernance et de formation des institutions républicaines.
Coopération avec l’OIF
Avant sa rencontre avec Emmanuel Macron, le Président Voltaire s’est entretenu avec Louise Mushikiwabo, Secrétaire Générale de l’OIF, pour renforcer le rôle d’Haïti dans l’espace francophone et explorer de nouvelles pistes de coopération.
L’OIF a annoncé la nomination d’un Envoyé spécial pour Haïti, chargé de suivre les efforts de stabilisation et de transition. En parallèle, un programme de soutien aux médias haïtiens a été évoqué, visant à garantir un débat inclusif et transparent dans le cadre du référendum constitutionnel et des élections à venir.
La Dette de l’Indépendance en Discussion ?
Bien qu’aucune annonce officielle n’ait été encore faite sur le sujet, une question incontournable se pose : la dette de l’indépendance a-t-elle été abordée lors des discussions entre Voltaire et Macron ?
Rappelons qu’en 2015, lors de sa visite en Haïti, François Hollande avait reconnu que la France avait “une dette morale” envers Haïti. Cette déclaration avait laissé un goût amer à de nombreux citoyens, car elle n’incluait aucune reconnaissance financière ni engagement concret de réparation.
Haïti avait été contraint de verser à la France une indemnité de 150 millions de francs-or (environ 30 millions de dollars en espèces à l’époque), plongeant le pays dans une crise économique persistante dès son indépendance. En 2001, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide, le montant actualisé de cette dette avait été évalué à 21 milliards de dollars, une somme qui, avec les intérêts cumulés sur plus de deux décennies, pourrait aujourd’hui atteindre 100 à 120 milliards de dollars.
L’absence de reconnaissance officielle par la France continue d’alimenter le débat, et la question reste posée : cette dette historique fera-t-elle l’objet de discussions plus approfondies entre Haïti et la France ?
Cette visite officielle intervient alors que Haïti cherche à renforcer ses alliances et à mobiliser de nouveaux partenariats pour faire face aux crises successives. Avec le soutien de la communauté internationale, les autorités haïtiennes espèrent assurer la transition démocratique, restaurer la sécurité et relancer l’économie nationale.
Les échanges entre Leslie Voltaire, Emmanuel Macron et l’OIF témoignent d’une volonté commune d’accompagner Haïti vers un avenir plus stable. Cependant, alors que la question de la dette de l’indépendance reste en suspens, les regards sont tournés vers la suite des discussions. Cette visite marque une étape clé dans le renforcement des relations franco-haïtiennes, mais seule la mise en œuvre concrète de solutions et d’engagements diplomatiques permettra d’évaluer les véritables avancées issues de ces rencontres au sommet.